La gomme bichromatée est un moyen de tirage positif. C’est le résultat de l’exposition par contact sous un négatif aux rayons ultra-violets d’une feuille de papier pour aquarelle recouverte d’une couche de gomme arabique mêlée à un pigment et sensibilisée au bichromate de potassium puis dépouillée à l’eau claire. Les parties insolées correspondant aux grandes transparences du négatif sont insolubilisées par l’action conjuguée de la lumière et du sel sensibilisateur, au contraire les parties protégées par les grandes opacités du cliché disparaîtront au moment du dépouillement dégageant les blancs de l’image, les modulations intermédiaires donnant les demi-teintes.
L’ambition du gommiste est de laisser sur la feuille de papier à dessin qu’il aura choisie une image faite seulement d’un ou plusieurs colorants enfermés dans une fine couche de gomme. Outre le plaisir de la construction de l’image (et d’un négatif adapté) sa contemplation donnera des sensations très différentes de celles procurées par un tirage fait avec l’habituel papier au bromure. La matière, le velouté, le choix des couleurs, les superpositions des couches, confèrent aux oeuvres réalisées selon ce procédé un caractère incomparable. Une vision nouvelle de la Photographie est ainsi proposée au praticien pour peu qu’il ne se décourage pas au début de ses essais. La gomme bichromatée ne se laisse apprivoiser que par l’amateur obstiné. Les premiers résultats s’ils sont quelquefois décevants ne doivent pas décourager, les fabuleuses images offertes par cette technique sont à la mesure des difficultés rencontrées au début.
texte de : Claude LESCURIER
Le procédé au platine permet d’obtenir des images inaltérables. L’aspect des épreuves est différent du procédé au gélatino bromure d’argent surtout par le fait que le platine métallique noir, seul constitutif final de l’image, est imbriqué dans les fibres du papier-support.
Différentes méthodes permettent d'en varier la couleur et le contraste. La nature du papier, l’étendage de la couche sensible et la composition, la température du liquide révélateur, la méthode de séchage du papier et son encollage, etc... sont des éléments qui influent sur le résultat. Il est nécessaire de connaître et d'étudier ces divers facteurs pour maîtriser le procédé.
Le matériel nécessaire reste dans les limites raisonnables et la complexité des opérations est à la portée d'un amateur habile et persévérant.
texte de : Pierre BROCHET
La gravure à l’aquatinte, d'après document photographique englobe un ensemble d’anciennes techniques exploitées par quelques ateliers spécialisés de la fin du 19ème siècle et du début du 20ème. Ces ateliers sont tous disparus, aujourd’hui, et ont jalousement gardé secrets leurs tours de main. Cette technique a pour supports des plaques de cuivre et l’impression se fait sur les mêmes presses et dans les mêmes conditions que la gravure originale traditionnelle (burin, eau-forte, pointe sèche, etc;..).
C’est un procédé d’impression en creux où l’encre, retenue dans les cavités provoquées par l’acide, est transférée sur le papier par passage entre les rouleaux d’acier d’une presse « taille-douce ».
Actuellement complètement abandonné, ce beau procédé a été détrôné par les moyens d’impression modernes, plus rapides, tels que l’offset et l’héliographie rotative tramée. Mais alors que ces derniers ne recherchent qu’une reproduction servile des documents photographiques et emploient des méthodes codifiées pour y parvenir, la gravure à l’aquatinte, au contraire, tout au long du processus de fabrication, fait appel à l’instinct et au goût du praticien. Celui-ci doit avoir des connaissances étendues dans les métiers de photographe, photograveur, taille-doucier et graveur, chacune de ces activités étant une profession à part entière.
Aujourd’hui, la photographie a conquis ses lettres de noblesse et son importance est considérable. On peut cependant regretter, dan« la photographie originale, le manque de qualité du support photographique moderne, dont l’aspect est froid et industriel, alors qu’il est possible en gravure à l’aquatinte, de donner aux épreuves non seulement la pérennité, mais un aspect beaucoup plus vivant en même temps qu’une troisième dimension, par l’épaisseur de l’encre et ses teintes variées.
Cependant, malgré l’importance reconnue de nos jours à la photographie, de vieux démons habitent encore certains graveurs et marchands d’Art qui n’ont pas cessé une querelle de 150 ans. Ils oublient que ce n’est pas seulement la main qui fait l’Art, mais la tête, et que l’action de photographier ou de graver n’est qu’un unique moyen de s’exprimer par des images.
La photographie a ses chefs d’œuvre, comme la gravure, mais elle a rarement employé, pour les mettre en valeur, des procédés de transcription comparables à ceux des autres arts graphiques. Cette précarité et cette pauvreté du support a bien souvent dévalorisé des images auxquelles il ne manquait qu’une présentation de qualité pour aboutir à la perfection.
On sait, d’autre part, que certains photographes ou critiques ont tendance à penser que la main ne doit pas intervenir dans l’élaboration d’une photographie et que seule la spontanéité, même malhabile, est une des caractéristiques du genre. Cette fable rabaisse la photographie à un unique rôle de témoignage alors que ses possibilités sont infiniment plus riches et plus diverses. Beaucoup d’artistes photographes ont exploré ces voies dans le passé et nombreux sont ceux qui travaillent dans ce sens actuellement.
LA SYNTHÈSE DES DEUX TECHNIQUES, PHOTOGRAPHIE ET GRAVURE, CONSTITUE UN ACHÈVEMENT. C’EST L’ART DE LA GRAVURE PHOTOGRAPHIQUE A L’AQUATINTE, IMPRIMÉE EN TAILLE-DOUCE.
A la photographie, elle emprunte la possibilité d’obtenir une image immédiate et presque complète, en une seule fois, ce que la gravure originale ne peut absolument pas faire. Elle aura donc une spontanéité qui manque à la gravure. Les milliers de clichés qui seront pris dans le temps que le graveur réalisera une seule planche ne seront pas forcément des chefs d’œuvre ; mais la gravure non plus.
La gravure sur cuivre ne donnera toute leur valeur qu’à des clichés répondant à certains critères. Par exemple, c’est actuellement le seul moyen d’éditer une petite série de 30 à 100 exemplaires de qualité. Il faudra donc que la photographie multipliée par ce moyen soit suffisamment forte et ait assez d’intérêt pour justifier ce tirage et en permettre la vente.
Il faut savoir également qu’on abuse souvent de la crédulité des amateurs et des collectionneurs non avertis, en mettant sur le marché sous le nom d’« estampes », des reproductions en offset en séries volontairement limitées, baptisées faussement « lithographies », numérotées et signées par l’auteur.
Or, l’offset est un procédé banal et rapide d’impression, entièrement mécanisé, aux performances très réduites, et il ne suffit pas d’employer un papier de Rives et d’y porter un numéro, pour l’anoblir. De même, le numérotage des épreuves, en photographie ou en offset, n’a aucune signification, sinon de singer les usages de la gravure véritable et de duper les acheteurs. En effet,l’épreuve du numéro 100 sera de même qualité que l’épreuve n° 1 puisqu’il s’agit de procédés dont les matrices ne s’usent pas à la transcription ou à l’impression.
Par contre, en gravure originale ou en gravure photographique à l’aquatinte sur cuivre, l’essuyage manuel et l’écrasement par les rouleaux de la presse provoquent une modification des planches, et, par voie de conséquence, des épreuves. Certains numéros seront préférés à d’autres par les amateurs.
Outre la reproduction de photographies, ce procédé permet évidemment la multiplication de tout dessin ou lavis comportant des demi-teintes monochromes, dans une qualité très semblable à celle des originaux. Le trait sera rendu fidèlement, avec ses qualités de saturation ou ses douceurs et les demi-teintes seront modulées comme sur l’œuvre elle-même. De plus, lorsqu’il s’agit d’une peinture ou d’un document en couleurs, la transcription en quadrichromie peut se réaliser à partir de sélections. Il s’agit par contre d’un procédé coûteux mais dont la qualité justifie un prix de vente comparable à celui des gravures originales ou des lithographies.
Ainsi les techniques anciennes que l’on croyait détrônées par les moyens modernes de la production de masse, peuvent-elles encore satisfaire les nostalgiques de la qualité.
L’important n’est pas de savoir par quels moyens il est possible d’y parvenir, mais de comprendre les possibilités d’avenir de ce procédé d’autrefois.
texte de : Pierre BROCHET